NOTRE COLLECTION DE PIANOS
Piano à queue de Pleyel n°5612 - 1837
2.27m, 6 octaves, à chevalet creux, à compensation
finition acajou pommelé à double rubans de cuivre,
vernis au tampon
Date de sortie de la fabrique Pleyel :
17 avril 1837
Premier acquéreur : Mademoiselle Nicole à Paris
Date d’achat : juin 1839
Prix de vente en 1839 : 3000 francs
Particularité : chevalet à double étage
Etat actuel : entièrement restauré en 1999
Exceptionnel à plus d’un titre, ce piano à queue (propriété de la ville de Croissy) n’en finit plus d’étonner ceux qui l’entendent. La richesse des couleurs qui peuvent être tirées de cet instrument permettent de mieux comprendre l’exclusivité que Chopin leur consacrera, tant pour ses concerts, que pour ses compositions. Restauré en 1999 par les établissements Bédel à Malakoff, ce piano a participé depuis à plus d’une centaine de manifestations différentes autour de Chopin et permis de faire progresser l’interprétation des œuvres du compositeur en donnant accès à un univers sonore que l’on croyait disparu. Le parallèle désormais possible entre l’Érard de 1845 et cet instrument donne tout son sens à la phrase de Chopin : « Quand je suis un peu fatigué, je prends le piano d’Érard car le son est tout fait, mais quand je suis en forme, alors je prends le piano de Pleyel car je peux faire ma propre sonorité. ». Jouer sur cet instrument demande une grande pratique car la mécanique à simple échappement exige une attention particulière. S’il est parfaitement adapté au répertoire de Chopin, mais aussi à Bach, Mozart et tous les classiques en général, il s’adapte en revanche très mal à la musique de Liszt.
Piano à queue d’Érard n°18650 - 1845
2.47m, 7 octaves
finition acajou de Cuba moiré, vernis au tampon
Date de sortie de la fabrique Érard : 26 octobre 1845
Premier acquéreur : M. Sandherr à Colmar
Date d’achat : 14 février 1846
Prix de vente en 1846 : 2950 francs
Particularité : c’est Adolphe Gutmann (élève de Chopin)
qui en a conseillé l’achat
Etat actuel : restauration complète en 2009
Ce magnifique instrument de concert acquis en 2008 par l’association et restauré en 2009 par les établissements Bédel à Malakoff est un modèle rarissime, témoin de l’invention du récital de piano par Franz Liszt. C’est en effet sur ce type d’instrument que Liszt joua la plupart du temps lors de sa grande période de pianiste virtuose. Développé par Érard spécialement pour Liszt, cet instrument devait pouvoir accepter la puissance de son jeu à laquelle ne résistaient pas les autres pianos. Peu de modèles de ce type sont parvenus jusqu’à nous. Celui-ci est donc un témoin particulièrement intéressant pour nous dans la mesure où il offre le pendant exact au Pleyel à queue n° 5612 exposé ici même, qui représente le piano de Chopin par excellence. Contrairement au Pleyel, l’Érard est plus polyvalent et permet de jouer non seulement la musique de la période romantique, mais aussi celle de la seconde moitié du XIXe, jusqu’à, et y compris, Debussy, Fauré et Ravel. Pouvoir réunir en un même endroit ces deux instruments en état de jeu est un privilège dont peu de musées peuvent s’enorgueillir.
Pianino de Pleyel n°19302 - 1853
6 octaves 3/4
finition acajou ronceux
Date de sortie de la fabrique Pleyel : 19 septembre 1853
Premier acquéreur : piano mis en location dès sa sortie de la fabrique
Etat actuel : non restauré, en état de jeu
Le pianino Pleyel possède une sonorité particulièrement riche par rapport à son faible encombrement. Cette caractéristique lui a valu un succès durable tout au long du XIXe siècle, et il a sans aucun doute contribué à l’extinction progressive des pianos carrés. Chopin lui-même avait une affection particulière pour ce type d’instrument et en a toujours eu dans ses différents domiciles parisiens. Lors de ses leçons, l’élève jouait sur un piano à queue de Pleyel tandis que Chopin donnait ses exemples sur un pianino. Il en appréciait la richesse sonore et la sensibilité du toucher. A Majorque, lors de l’hiver 1838-1839, il a longtemps attendu le pianino que Pleyel lui avait expédié à sa demande. Lorsque l’instrument est enfin arrivé, il a pu achever la composition des 24 Préludes op.28. D’autres compositeurs ont également adopté le pianino de Pleyel à la même époque, notamment Robert et Clara Schumann. Cet exemplaire a été acheté à Christiane Sand, héritière d’Aurore Sand, petite fille de George Sand qui possédait un instrument semblable dans sa maison de Nohant. Il n’a pas été restauré et sa sonorité est certainement très proche de ce qu’elle était dans les années 1850.
Piano carré d'Érard n°15557 - 1842
modèle 2 cordes, 6 octaves 1/2
acajou uni à perles
Date de sortie de la fabrique Érard : 27 juin 1842
Premier acquéreur : Mademoiselle Minart à Nantes
Date d’achat : 18 octobre 1842
Etat actuel : non restauré, mais jouable
Instrument typique de la période d’expansion de la pratique du piano au milieu du XIXè siècle, c’est le piano que l’on trouvait dans les salons bourgeois. Il est un témoin de l’évolution sociologique de la pratique musicale à cette période, à un moment où Paris comptait 99 facteurs de piano. Le répertoire que l’on peut jouer sur ce type d’instrument n’est pas comparable à celui des pianos à queue. Sans doute est-il parfaitement adapté à un usage familial, comme la pratique du quatre mains ou de l’accompagnement vocal. Deux genres qui ont longtemps dominé la pratique amateur, comme en attestent à cette époque les nombreuses adaptations des symphonies classiques pour piano à quatre mains ou le succès des compositions pour voix et piano sous la dénomination de «romances». Peu à peu, le piano carré disparaîtra au profit du piano droit, moins encombrant et disposant surtout d’une bien meilleure sonorité grâce à la longueur de ses cordes. Pleyel abandonnera d’ailleurs assez vite la fabrication de ses pianos carrés, au profit du pianino qui connaîtra un succès sans cesse plus grand et sera l’un des moteurs du développement de la marque.
Piano carré d'Érard - 1787
5 octaves, pédalier déporté sur le coin arrière gauche
acajou vernis au tampon
Date de sortie de la fabrique Erard : 1787
Particularité : signé par Sébastien Érard sur la table d’harmonie
Etat actuel : restauré en 2002
Les registres d’Érard entre 1777 et 1788 ayant disparu, il est impossible de savoir pour qui cet instrument a été fabriqué. Il témoigne de la première partie de la production du facteur Érard à Paris, initiée en 1777 avec l’aval du roi Louis XVI. Exilé à Londres pendant la période révolutionnaire, Sébastien Érard s’installera à nouveau à Paris après 1800 et deviendra au XIXème siècle l’un des deux plus grands facteurs de piano français. Sa signature est portée sur la table d’harmonie. Cet instrument a été complètement restauré par les établissements Bédel à Malakoff en 2002. Le répertoire que l’on peut jouer sur cet instrument est évidemment limité en raison du faible niveau sonore et surtout du système mécanique, très léger et totalement inadapté à la musique concertante. C’est un piano à usage personnel, parfait pour accompagner une voix ou une un instrument comme le violon, le violoncelle ou la flûte. Il figure dans cette exposition comme un des premiers exemples de piano qui subsistait encore au début de la période romantique, mais qui a très vite laissé la place à de plus grands modèles comme celui, également d’Érard, exposé à côté.