Six séances pour enregistrer 27 études...
Si certaines des Études sont bien connues du grand public, nombreuses sont celles qui restent dans l'ombre, encore aujourd'hui. Chopin lui-même n'en jouait que quelques-unes, toujours les mêmes, que le public lui redemandait. Du reste, il considérait que seul Franz Liszt était capable des les jouer toutes parfaitement. Les deux premières qu'il composa portèrent au début le titre "exercices"... avant de prendre la dénomination plus flatteuse et surtout moins restrictives d 'Études. Un choix judicieux tant il est vrai que ces études, bien que traitant chacune d'une difficulté particulière, sont avant tout de magnifiques pièces musicales d'une incroyable richesse d'invention, tant harmonique que mélodique, comme toute la musique de Chopin.
Si elles font partie du répertoire "obligé" du pianiste concertiste depuis toujours, et en particulier des programmes de concours où elles permettent de juger en un temps très court de la dextérité d'un concurrent, elles restent peu jouées au concert dans leur intégralité (ce pour quoi elles ne sont d'ailleurs pas conçues) et encore moins dans une sélection de quelques-unes. Alors pourquoi s'attaquer à une telle intégrale à notre époque alors que beaucoup d'enregistrements, dont certains excellentissimes, existent déjà ?
La réponse se trouve dans l'instrument utilisé : le Pleyel de l'époque de Chopin. Depuis l'apparition du piano moderne dans la seconde moitié du XIXè siècle, juste après la mort de Chopin, le piano n'a cessé de devenir plus puissant, avec une mécanique conçue pour aller de pair avec cette puissance. Un enfoncement des touches et un poids de celles-ci plus important, une mise en œuvre du marteau moins immédiate, une inertie plus grande, sans parler de la taille légèrement plus large des touches et une définition du son très différente, tous ces paramètres ont forcément un impact sur les difficultés que posent ces études aux pianistes d'aujourd'hui par rapport à ceux de 1840.
En déplaçant ainsi le rapport entre l'instrument et le pianiste, l'expérience consiste donc moins à réaliser une performance qu'à comprendre l'écriture de ces études par rapport à l'instrument d'époque et à en tirer des idées musicales forcément différentes de celles auxquelles nous sommes habitués par l'utilisation des pianos d'aujourd'hui.
C 'est à une aventure inédite que nous nous sommes confrontés pendant le 1er semestre 2025 et dont le résultat, au terme de 6 séances d'enregistrement, sera à découvrir en 2026.
